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FLEUR-DE-BLÉ


I


Il y avait ce soir-là à Wavre, sur la place, une maison où l’on se préparait surtout à fêter saint Nicolas. C’était chez le boulanger Hans Jans. Dans la chambre à deux fenêtres, sise au dessus de la boutique, un grand feu et une petite lumière éclairaient le beau lit des étrangers, avec ses courtines de perse à fleurs roses et son bois de chêne poli qui reluit.

Et dans le lit était couchée Fleur-de-Blé, la fille de Jans.

Bonne-maman Jans par moments mettait une bûche dans l’âtre, en ayant soin de retourner celles qui étaient consumées ; puis, relevant ses lunettes sur les bandeaux bruns qu’elle portait par-dessus ses cheveux blancs, elle allait à pieds doux vers le lit.

— Fleur, disait-elle tout bas en écartant les courtines.

Et alors la lampe rouge jetait sa clarté sur Fleur-de-Blé tapie dans les draps et ne laissant voir que ses tout petits bras et sa toute petite figure.