Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/80

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mit à lire près de la petite lampe. Mais de temps à autre, M. le vicaire regardait Fleur-de-Blé et alors il disait en lui-même en fermant son livre, après y avoir glissé le doigt pour ne pas perdre la page :

— Seigneur, mon Dieu ! prenez en pitié ces pauvres gens !


IV


Quand vint minuit, Fleur-de-Blé entendit du bruit dans la maison, et ayant ouvert les yeux, elle demanda si ce n’était pas l’âne de saint Nicolas qui descendait par la cheminée. Et Jans, qui savait bien que c’étaient ses garçons dans le fournil, lui répondit en remuant ses gros sourcils pleins de farine, que certainement il distinguait le bruit des sabots du bourriquet.

Et il ajouta :

— Dans un instant j’irai voir.

Il colla son oreille à la porte, eut l’air d’écouter, la tête en avant, puis descendit, allongeant lentement ses grandes jambes, avec un air de mystère. Et tout à coup d’en bas montèrent des cris, une joie qui éclatait.

C’était Jans, et il disait :

— Fleur ! ma Fleur ! Il a passé ! Ouvre tes petites mains.

Lorsqu’il reparut dans la chambre, il tenait dans ses bras le fauteuil où s’asseyait la tante Catherine ; et sur le fauteuil s’étalaient le berceau, la poupée, le carton, le bonhomme de pâte et les assiettes de bonbons.

— Merci, saint Nicolas, merci pour Fleur, criait-il du côté de l’escalier.

Et dès que l’enfant eut aperçu la belle poupée et le