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Cette bonne dame s’appelait madame Bril, et Jean était le nom du petit garçon. Depuis longtemps madame Bril avait perdu l’usage des jambes ; mais ses mains étaient encore valides et elle faisait de la dentelle, tout le jour, son coussin sur les genoux.

Chaque matin, madame Lamy venait lui dire bonjour, la levait de son lit et la posait dans son fauteuil, car madame Bril était légère comme une plume.

Puis cette excellente madame Lamy ouvrait à demi la fenêtre quand il faisait beau, balayait la chambre, renouvelait l’eau d’un vase qui était sur la cheminée et où il y avait des fleurs ; puis elle habillait le petit Jean.

Cela fait, elle tirait le pain de l’armoire, mettait la table et allait chercher chez elle la cafetière où chauffait le café, car elle faisait le café de madame Bril sur son feu, pour lui économiser un sou de copeaux et de charbon de bois. Un peu de café et du pain trempé dedans, c’était à peu près tout ce que mangeait la pauvre dame, avec une assiette de bouillon qu’elle prenait à midi et pour laquelle madame Lamy achetait tous les deux jours quatre sous d’os au boucher.

Et pendant que madame Bril lapait son café, madame Lamy lui demandait :

— Comment vous sentez-vous ce matin, madame Bril ?

Et madame Bril répondait avec son triste sourire :

— Très bien, je vous assure, madame Lamy.

— Vous n’avez plus besoin de moi ?

— Merci bien, madame Lamy, j’ai tout ce qu’il me faut.

— Je viendrai à midi vous apporter votre bouillon.

La douce madame Bril se mettait alors à sa dentelle et disait à son fils :