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Page:Lemonnier - Un mâle, Kistemaeckers, 6e éd.djvu/195

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— Moi, j’suis comme ça, mam’zelle Germaine. Le cœur sur la main. Et rond comme une pomme. Vous n’avez qu’à parler.

On but la bouteille à la santé de Germaine, la plus belle personne que Hayot eût jamais vue ; et ils se tenaient debout les uns devant les autres, les verres dans les mains, avec un peu de solennité. Hubert n’étant pas là, la conversation traînait. Germaine recommandait à Mme Hayot sa couturière, une personne bien raisonnable ; et elle retroussa le bas de sa robe pour montrer les garnitures.

Les fers d’un cheval sonnèrent sur le pavé. Elle tourna la tête et vit, à travers la fenêtre, Hubert en train de serrer les courroies de la selle, sa cravache sous le bras. Une cravate verte qu’il s’était passée au cou faisait une tache éclatante sur son costume gris, bouffant dans le dos.

Puis, Mathieu rentra, et ne voulant pas quitter la ferme sans un remercîment :

— M’sieu Hayot, dit-il, c’est bien de l’honneur que vous nous avez fait. Je le dirai chez nous.

— Quand il vous plaira, garçon, répondit le fermier en lui secouant les mains. Et bien des compliments au fermier.

Germaine avait pris place dans la voiture. Elle tapotait ses jupes du plat de la main, regardant du coin de l’œil Hubert, qui empoignait la crinière de son cheval, un pied dans l’étrier ; et tout à coup, il s’enleva, criant :

— Je vous accompagne.

On échangea des poignées de main. Hayot bavardait, laissant déborder un flux de choses amicales, sans en penser un mot ; et toutes les voix se mêlaient, faisaient un brouhaha dans l’assoupissement du soir qui tombait. Fritz contemplait à la dérobée un coin de bas blanchissant sous la robe de Germaine. Puis Mathieu, prenant