Page:Lemonnier - Un mâle, Kistemaeckers, 6e éd.djvu/60

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scintillaient dans une large averse de lueurs et de rosées. Dans la prairie, les herbes avaient des ardeurs d’émeraude. Des myriades de paillettes fourmillaient sous les feuilles ; et la vapeur montant resplendissait au soleil comme une coulée de métal en fusion. Au bout de la prairie, le verger des Osiers s’étalait dans une nappe d’or immobile. La terre ressuait le déluge qu’elle avait reçu, Une odeur vireuse monta alors avec un relent de fermentation.

Ils étaient restés sous l’arbre, n’ayant rien vu de la pluie qui cessait, du soleil qui allumait le paysage. Ils continuaient à se sourire, fixés sur place par une sensation indéfinissable. Et subitement, une voix appela dans le sentier :

— Germaine !

Alors elle eut peur d’être vue avec lui.

— Bonsoir, cria-t-elle.

— Psitt, fit-il à demi voix, c’est dimanche kermesse au village. T’y viendras ?

Elle tourna à demi la tête et regarda de ses yeux clairs, sans dire oui ni non.


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