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VIII



Il y avait un moyen très simple pour Cachaprès de se procurer de l’argent : c’était de faire le bois.

L’après-midi s’achevait dans un apaisement. Le ciel, débarrassé de nuages, élargissait sur les arbres un azur pâle, qui commençait à se dorer vers l’horizon. Une vapeur montait des terres trempées par l’averse. Le gaillard se dirigea vers un fourré. Un passage étroit, à peu près invisible pour tout autre que lui, conduisait à un enchevêtrement de ronces. Il se coula, plié en deux, sous l’enlacement des branches. Par moments, des épines l’égratignaient. Et sans avoir fait plus de bruit qu’un lapin qui coupe la sente, il arriva à l’épaisseur des ronces. C’est là qu’était caché son fusil, dans une bonne gaîne de cuir goudronné. Il le tira doucement à lui et, rampant cette fois, sortit du fourré par une sente où l’on ne passait qu’aplati sur le ventre. Une fois dehors, il écouta, la tête tendue dans le vent. Personne. Alors il ouvrit sa veste, laissa couler son fusil le long de sa chair et s’enfonça dans la forêt.