Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/109

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éblouissante devient Peau d’Ane. Et pourtant notre cœur devrait être un abîme d’indulgence pour les poètes, ne fût-ce que par gratitude pour les saintes joies qu’ils nous ont données dans leurs jours de lumière.


Au printemps dernier, j’ai pu voir un papillon sortant de sa chrysalide comme de l’étui d’un éventail. D’abord étourdi et comme ébloui par le grand jour, il se traîna gauchement sur le sol, étirant ses ailes gommeuses, agglutinées, collant au corps comme une robe de soie chiffonnée ; mais le soleil eut bientôt fait de lui sécher les ailes, et, comme une flèche, il disparut dans un rayon du matin. Après son départ, l’intérieur de la chrysalide garda longtemps ses couleurs : bandes de pourpre, stries d’azur et points d’or.— En songeant à cette chrysalide et aux riches empreintes qu’y avait laissées le splendide pèlerin du ciel, je me souviens des cœurs où l’amour a passé.


On a comparé les hommes qui changent d’opinion à des girouettes qui tournent ; ceux qui n’en changent pas, à des girouettes rouillées