Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/175

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de Saint-Christophe revenaient, Thérèse en avant, au grand trot de sa vive et coquette alezane. Devant la porte d’entrée, Topaze s’arrêta court, toute frémissante sur ses fines jambes de race, le frein blanc d’écume et des éclairs dans l’œil. Georges fut souffleté au passage par le vent d’une longue jupe d’amazone. Courant au devant de l’écuyère, il lui tendit la main, qu’elle accepta, pour descendre comme un oiseau qui prend terre.

Il était pourpre d’émotion, Thérèse un peu rouge, mais sa rougeur, à elle, pouvait être mise sur le compte d’une course précipitée dont elle était encore toute haletante.

Il n’avait pas dit un mot ; sa voix lui restait dans la gorge.

— Merci, fit-elle en parlant la première. Êtes-vous bon cavalier, monsieur ?

— Bien que marin, je puis tenir en selle, répondit Georges, croyant à une fine pointe d’ironie.

— Eh bien ! nous verrons, dit-elle.

Desmarennes voulut les retenir à dîner ; mais, soit par diplomatie, soit par discrétion, tous deux refusèrent. Guérineau prétexta d’ailleurs que, le soir même, il attendait des confrères à sa table : parfait mensonge, mais qui lui semblait utile à ses vues.

— Eh bien ! je n’insiste pas pour aujourd’hui,