Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les yeux obstinément fixés sur la belle et sombre veuve, buvait simplement la femme du regard.

— C’est bien moi !… Sauvée, grâce à vous, dit Thérèse.

Puis, rapprochant la tasse :

— Allons, prenez, fit-elle d’une voix caressante et quasi-maternelle, mais impérieuse dans sa prière, comme si elle parlait à un enfant.

Il but d’un trait et remercia en baissant la tête. Puis, comme fatigué d’un premier effort, et doutant de la réalité, il referma les yeux et retomba sur l’oreiller comme pour retrouver en songe une apparition trop prompte à s’évanouir.

Le docteur crut comprendre alors que le pauvre garçon avait reçu en plein cœur une de ces rudes atteintes que les médecins terrestres ne guérissent pas.

— Diantre ! pensa-t-il à part lui, ce cas pathologique échapperait à mon ministère.

Dès que le malade fut bien couché dans un grand lit horizontal, au chalet des Grèves, sa convalescence fut beaucoup plus rapide qu’on ne l’avait d’abord supposé.

On avait fait venir de Bordeaux une vieille servante de la maison, du nom de Rosalie, portant la grande coiffe des filles de Marennes, et qui veillait, comme un vrai garde du corps,