Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/219

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pouls de son malade. Il constata de la fièvre, une vive agitation cérébrale, et recommanda expressément de le faire moins causer le lendemain ; même pas du tout, si faire se pouvait.

— Pour une première fois, il aura beaucoup trop parlé, pensa-t-il.

Quoi qu’il en fût, les jours suivants, le calme parut se rétablir graduellement, et grâce à de sages ordonnances, régulièrement exécutées, la convalescence marcha vite, la jeunesse reprit ses droits, et dans la quinzaine Henri Paulet put faire à pied sa première promenade.

Ces premiers jours où il renaissait à la lumière et à la vie, au bord de cette grande mer variant d’aspect à chaque heure, tantôt verte et blanche sous l’écume des lames, tantôt bleue comme un saphir et aplanie comme un lac, ces premiers jours furent pour Henri Paulet une longue série d’enchantements.

Bien qu’il n’eût que trop clairement compris, aux paroles graves de sa belle-sœur, que tout espoir d’un amour partagé lui était absolument interdit, il n’en restait pas moins sous l’impression d’une joie profonde, dont il ne se rendait pas compte et qu’il ne cherchait pas à analyser.

Il pouvait au moins voir Thérèse presque à chaque heure du jour ; il marchait près d’elle, lui parlait, s’enivrait de sa voix et de son regard,