Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/234

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J’agis en femme éclairée… et de ma pleine volonté.

— Alors tu l’aimes donc ?

Elle hésita un instant devant le regard fixe de Desmarennes qui lui fouillait le cœur…

— Lui m’adore, répondit-elle enfin, et fera aveuglément tout ce qu’il me plaira de vouloir.

— Où donc l’as-tu si bien connu ?

— A Royan-les-Bains, quelques jours après votre départ… C’est un brave et digne cœur… Il m’a déjà sauvé la vie dans ma folle équipée de cheval… Et quant à vous, mon père, cette union assure une tranquillité parfaite à vos derniers jours.

Desmarennes, heureux et convaincu, ne résista plus… un pâle sourire éclaira son visage depuis longtemps assombri.

Il embrassa éperdument sa fille, la prit sur ses genoux comme à l’époque où elle était petite enfant, et, riant et pleurant à la fois, l’enveloppa de ses baisers et de ses larmes.

Elle répondit d’abord à son étreinte, puis se dégageant et se levant toute droite :

— Mon père, là, dans la chambre à côté, ma mère aussi a quelque chose à vous dire.

Et après avoir poussé son père, presque fou de joie, dans les bras de sa femme, elle referma vivement la porte et se mit à fouiller précipitamment dans le tas de journaux et de papiers