Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/24

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mon esquisse, dans la fièvre du premier mouvement, quand tu m’as dérangé… pardon, cher ami, surpris et embrassé comme un vieux camarade, aussi étonné sans doute de me voir dans cette antique futaie, que moi de t’y rencontrer… Après tout, j’y pense, peut-être suis-je ici chez toi, car tu possèdes tant de châteaux qui ne sont pas en Espagne…

— Oui, quelques-uns ; tu es ici parfaitement chez toi tant qu’il te plaira d’y séjourner, et même si tôt ou tard tu veux y faire un nid, mon cher oiseau de passage…

— A la bonne heure ! les années ne t’ont pas amoindri : toujours même jeunesse de cœur.

— Parbleu, avec des artistes tels que toi… Parti obscur, tu reviens célèbre. Sais-tu que depuis trois ou quatre ans on ne parle que de toi dans Paris… on couvre d’or les plus petites toiles de Georges Fontan… Tes derniers envois au Salon rayonnent de lumière… C’est de l’Orient comme on n’en voyait plus… et tu gagnes de quatre-vingt à cent mille francs chaque année… la gloire et la fortune t’arrivent de compagnie.

— Oui, l’Orient est d’un assez bon rapport pour les paysagistes… quelques touffes de palmiers-doums, un passage d’autruches à la ligne d’horizon, un vol de flamants roses, quatre ou