Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/242

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— Ton jeune frère, qui déjà lui avait sauvé la vie en exposant la sienne.

Georges ne s’attendait pas à un coup si rude… Après de muets et longs serrements de main, l’avocat essaya de lui expliquer, avec des précautions infinies, comment les choses s’étaient passées en son absence… Il lui fit comprendre que tous l’avaient cru mort… que Baptiste l’avait affirmé… que l’extrait mortuaire avait été expédié en bonne et due forme… que tous l’avaient sincèrement pleuré… que, si elle n’avait agi que d’après les conseils de son cœur, Thérèse serait restée veuve… éternellement veuve… mais que, si femme propose, souvent les événements disposent.

Il lui raconta en détail les désastres financiers de Guillaume Desmarennes… la crainte d’un suicide dans sa ruine et le dérangement momentané de sa raison… que c’était simplement pour le sauver que sa fille s’était courageusement sacrifiée… mais qu’elle était réellement restée veuve de cœur… que ses deux enfants la rattachaient à la vie… qu’il y en avait un surtout, le garçon, qui ressemblait à Georges, et qu’elle aimait jusqu’à l’idolâtrie… que, du reste, ils ne vivaient plus à Saint-Christophe, mais à Bordeaux les trois quarts de l’année, loin des chers souvenirs qui parlaient encore trop cruellement au cœur de Thérèse.