Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/278

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Mais tenez… brisons là, vous m’en feriez trop dire.

— Une vraie Parisienne moderne, dit gaiement Albert, jouant Orphée aux Enfers et Giroflé-Girofla.

— Oh ! reprit vivement Germaine, vous qui chantez si bien, soit dit sans compliment, si vous entendiez de sa main Mozart et Beethoven, dès la première note vous comprendriez qu’elle a su garder le respect des maîtres.

— Mais tu m’en parles, dit curieusement Albert, comme si tu la connaissais de très longue date.

— Certainement… Quand j’arrivai pour la première fois au couvent de Rennes, toute petite et un peu confuse dans ma courte jupe de cotonnade, Mlle Alise s’y trouvait déjà parmi les grandes. Et malgré la différence d’âge et de race, elle vint à moi avec tant d’accueil, un sourire si charmant, que je l’aimai à première vue, et depuis, je ne l’ai jamais oubliée. Trois ou quatre fois depuis ma sortie du couvent, en allant voir Cancale ou le mont Saint-Michel, elle est venue, comme une bonne fée souriante, dire bonjour en passant à sa petite Germaine, et je vous avouerai que j’ai contribué, pour ma part, à l’achat de la propriété par M. Grandperrin.

— Et sais-tu, Germaine, dans quel but il a