Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/331

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avait beaucoup de monde épars dans le cimetière autour de l’église, on put entendre les paroles échangées :

— C’est scandaleux, disait Albert. Agissez à votre guise, en plein air, tant que bon vous semblera, mais non pas dans notre église.

— C’est une leçon ? répondit Alexandre.

— Certainement…

— Fort bien, monsieur. A vos ordres, quand il vous plaira.

Albert trouva facilement quatre anciens militaires comprenant ces petites questions-là, et la rencontre eut lieu vers la fin du jour, derrière le grand mur du cimetière, endroit peu fréquenté.

Malgré ses ridicules, Alexandre était brave et n’avait pas oublié ses nombreuses leçons d’escrime. Aux premières passes, les témoins comprirent qu’il était de beaucoup supérieur à son adversaire, et paraît avec plus de méthode et de sang-froid. L’emportement d’Albert lui fit tort. Quand il se fendit à fond, l’âme au bout de sa pointe fiévreuse, l’attaque fut très bien parée, et presque aussitôt, d’un coup droit en pleine poitrine, Albert tomba.

Alexandre eut un mot cruel :

— Pas de chance pour moi : voilà un coup d’épée qui va rendre intéressant ce garçon-là.

Il ne se trompait pas.