Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’oiseaux rares, et toute leur progéniture, vrais singes d’enfants grotesques, à jambes grêles et à tête d’hydrocéphales, tels que déjà nous les avait montrés Decamps, etc., etc. Au bout de trois années d’anxiétés, de fièvres, de nuits à moustiques, de peintures forcées, il avait dû sa délivrance au passage d’une grande caravane anglaise, qui l’avait très hospitalièrement recueilli. Il rapportait dans ses poches de voyageur une foule de menus objets tenant peu de place, mais du plus grand prix. Il étala sur les fleurs de neige de la nappe damassée de petits scarabées historiques de cornaline orientale, d’émeraude et de jaspe vert, qui avaient eu l’honneur de dormir, plusieurs siècles, sur la poitrine des Pharaons défunts dans une hypogée de la Haute-Égypte ; des fragments d’ambre jaune d’une admirable transparence où s’enchâssaient, parfaitement conservés, des insectes au corselet noir et aux élytres de vermillon ; curieux spécimens d’espèces disparues, qui, bien avant notre déluge, depuis des milliers d’années, furent embaumés tout vifs dans ces merveilleuses larmes d’or ; enfin il exhiba deux perles rares, que lui avait données l’iman de Mascate, perles en forme de poire, grosses comme les perles blanches de notre gui d’Europe et que Marie Alvarès trouva fort belles ; il glissa ces deux gouttes de lait irisées