Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/175

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Ils auraient eu chez eux tout l’or de l’Australie,
Qu’ils auraient tout donné du jour au lendemain :
De la miséricorde ils avaient la folie…
Et l’or, par tous les doigts, s’échappait de leur main.

Si, parfois, jalousant ces grands hommes tranquilles,
Les riches de la veille, à l’esprit indigent,
Les traitaient d’insensés, de rêveurs inutiles,
Ils avaient pour réponse un sourire indulgent.

Que, dans ses mauvais jours, grondât la multitude.
Ils offraient leur poitrine à qui voulait du sang…
Mais au regard du maître, à sa fière attitude,
Le peuple obéissait comme un chien caressant.

Ils mouraient oubliés dans un coin de la ville ;
Le corbillard du pauvre emportait le cercueil.
Ceux qu’ils avaient sauvés de la guerre civile
N’avaient pas seulement une larme dans l’œil.

Qu’importe ! ils s’en allaient où s’en vont tous les justes.
Des plus illustres morts la foule ouvrait ses rangs
Pour faire un digne accueil à ces défunts augustes…
Et chacun s’étonnait de les trouver si grands.