Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/216

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Le débris du vieux temps passe de main en main.
Sous les regards moqueurs, la moue injurieuse.
Objet d’un dédaigneux et rapide examen…
On aime à plaisanter la chose curieuse.

Ah ! les fins quolibets qu’on débite à l’entour !
On chantonne à mi-voix des lambeaux de romance ;
On demande quel fut l’honnête troubadour
Qui soupira le nom de Palmyre ou d’Hermance.

Chacun à sa façon, pour être original,
Sur le pauvre instrument fait son geste ou sa phrase :
L’expert laisse éclater son gros rire banal ;
Les muets ont aussi leur silence qui jase.

Par malheur, la guitare a glissé brusquement
Des mains d’un maladroit, et tombe sur les dalles…
Tout le monde est surpris d’un sourd gémissement
Qui réveille l’écho vibrant des hautes salles,

Longe les murs déserts des sombres corridors,
Et s’en va tout plaintif se perdre au fond des caves…
Ce n’est rien… mais chacun frissonne et pense aux morts.
On écoute expirer lentement les sons graves.