Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/272

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Simple comme un héros des antiques légendes,
Jeune homme vénéré de ceux que tu commandes.
Tu sais qu’à ton exemple ils vont résolument.
Avec ton geste sobre et ta parole brève,
Un éclair de tes yeux les charme et les enlève,
Car il jaillit d’un cœur pur comme un diamant.

Tu marches soucieux, mon pauvre capitaine,
Harcelant, nuit et jour, la victoire incertaine,
À la crête d’un pic, dans le fond d’un ravin ;
Car ce n’est pas toujours le plus brave qui gagne,
Pans cette guerre aveugle, en pays de montagne,
Où souvent deux ou trois se heurtent contre vingt.

Si de tels jeux sanglants à ton cœur ne vont guère…
Tu songes qu’après tout la guerre, c’est la guerre :
Les plus graves penseurs n’y peuvent rien changer.
5ur la pauvre planète orageuse où nous sommes,
Hélas ! on se battra tant qu’elle aura des hommes.
Et tu fais ton devoir en pays étranger.

Sans arrière-pensée, où la France t’envoie
Tu marches. — Ton drapeau n’est qu’un chiffon de « 
Écharpé, noir de poudre : il n’en est que plus beau.