Page:Lemoyne - Poésies - 1873.djvu/92

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II


« Du vêtement lugubre où j’étais enfermée,
Par un rayon d’avril, je sors toute charmée :
Je romps ma chrysalide aux souffles du printemps.
J’ai le sang plus léger que du sang d’hirondelle.
J’aimerais à pouvoir m’envoler d’un coup d’aile
Dans l’éther bleu… Mon âme a la couleur du temps.

« Mes robes de satin, de soie et de barège
Ont l’aspect de brouillards, de tourbillons de neige ;
Le tissu, merveilleux de richesse et d’ampleur,
Les tulles bouillonnes et les flots de malines
Donnent un vrai lyrisme aux grâces féminines :
La femme est à la fois papillon, femme et fleur.

« Mon corsage est une œuvre exquise d’élégance. —
Des jupes à longs plis j’aime l’extravagance.
(La traîne exigerait peut-être un négrillon.)
Nos grands cerceaux nous font marcher comme des reines,
A pas lents et rhythmés. — Autrefois leurs marraines
N’habillèrent pas mieux Peau-d’Ane et Cendrillon.