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SAINT-JUST

qui sont en état d’arrestation, le 8 juillet on l’envoyait à la tribune, le 10 il entrait définitivement au Comité de Salut public, et par le manifeste du 10 octobre suivant il déclarait le gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix. Seulement, il ne s’agissait guère d’appliquer les principes et de gouverner selon soi-même. Loin de là, le député le plus épris de constitution était chargé de parler contre elle, d’ajourner indéfiniment le rêve, de se faire l’homme des réalités :

Dans les circonstances où se trouve la République, la Constitution ne peut être établie ; on l’immolerait par elle-même, elle deviendrait la garantie des attentats contre la liberté parce qu’elle manquerait de la violence nécessaire pour les réprimer.

Le gouvernement présent est aussi trop embarrassé. Vous êtes trop loin de tous les attentats ; il faut que le glaive des lois se promène partout avec rapidité, et que votre bras soit partout présent pour arrêter le crime.

Il est impossible que les lois révolutionnaires soient exécutées si le gouvernement lui-même n’est constitué révolutionnairement.

Vous ne pouvez point espérer de prospérité si vous n’établissez un gouvernement qui, doux et modéré envers le peuple, sera terrible envers lui-même par l’énergie de ses rapports : ce gouvernement doit peser sur lui-même et non sur le peuple. Toute injustice envers les citoyens, tout acte de trahison, toute indifférence envers