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SAINT-JUST

défaite, « ni indignation, ni regret, ni remords ». Le silence extraordinaire du 10 thermidor, alors que seul au dernier jour il pouvait encore parler, est-ce l’isolement du 8 et du 9 qui persiste, isolement allant jusqu’à l’équivoque ? Saint-Just dévorait-il le secret d’un malentendu, le regret d’un supplice où il n’était pas le premier ?

On pourrait dater cet écart de plus haut. Le 6 prairial, Saint-Just, alors à la Sambre, était rappelé par une lettre signée de tout le Comité. Robespierre fit signer les autres, mais c’est bien lui seul qui désirait revoir Saint-Just, on avait déjà éprouvé ce que signifiaient de tels retours et les comités trouvaient leur collègue parfaitement à sa place aux armées. Que venait-il faire à Paris, que lui confia Robespierre ? Billaud-Varennes nous apprend que l’affaire n’eut pas de suites. « Saint-Just s’en alla comme il était venu cinq ou six jours après. » Exactement le 19 au soir c’est Élie Lacoste qu’on chargea d’un rapport sur les factions. En partant la veille de la fête à l’Être suprême il emportait bien des plaintes et des confidences, il dut passer outre aux objurgations de Robespierre. Celui-ci, sans nul doute, aurait trouvé normal de lui confier les destinées de la loi de prairial. S’il faut en croire