Page:Lenéru - Saint-Just, 1922.pdf/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
SAINT-JUST

du portrait forment son casier historique. Il semble qu’ayant gardé sa haine et son image, on ne lui devait plus rien.

Michelet pourtant qui regrettait ses hommes en quittant la Révolution et rêvait des réparations individuelles, a remarquablement élargi la part de Saint-Just à l’histoire générale du temps. Il s’y est continuellement repéré. Et Taine aux Origines, fouillant, cherchant partout le « programme jacobin », définissant le gouvernement révolutionnaire, ne peut qu’y revenir, le citer : Saint-Just, rapports ; Saint-Just, Institutions, et même : Saint-Just, motions.

Voici d’ailleurs comme ils en parlent. Ceci est Taine :

Pour trouver des âmes tendues au même ton que la sienne, il faut sortir du monde moderne, remonter jusqu’à Caligula, chercher en Égypte, au Xe siècle, un calife Hakem. Lui aussi, comme ces deux monstres, mais avec des formules différentes, il se croit dieu ou vice-dieu sur la terre, investi d’arbitraire par la vérité qui s’est incarnée en lui, représentant d’une puissance mystérieuse, illimitée et suprême qui est le peuple en soi ; pour représenter dignement cette puissance il faut avoir l’âme d’un glaive. L’âme de Saint-Just est cela, rien que cela : ses autres sentiments ne servent plus qu’à la faire telle ; les métaux divers qui la composaient, la sensualité, la