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LES MISSIONS

eut. — Si une part fut faite trop grande au Comité, c’est peut-être celle de Carnot ; avec lui son collègue si honni a pourtant des droits au grand titre indisputé d’Organisateur de la victoire.

Aussi bien, il arrivait à Carnot d’envoyer des ordres moins heureux et ce fut une chance pour les généraux d’avoir affaire à un représentant accessible aux raisons, en même temps qu’assez grand pour désobéir au Comité. — Le 1er messidor, en plein siège de Charleroi, on recevait de Paris l’ordre de tirer 18.000 hommes de l’armée pour une opération mystérieuse. Ce fait, qu’on lui tint caché, émut profondément Saint-Just. Dans son discours du 9 thermidor, il sommait Carnot d’en rendre raison. Du reste il revient très mécontent de Carnot. Le Comité dans cette campagne l’aurait moins bien secondé. On le laissait « sans poudre, sans canons, sans pain, des soldats sont morts de faim en baisant leurs fusils ». Et pourtant Saint-Just revint dans une apothéose. Les villes et les campagnes allaient au-devant de sa calèche qui ne s’arrêtait pas, brûlait les routes[1], dédaignait l’ovation, l’effusion de la patrie hors de danger.

  1. Il devança les courriers de Fleurus.