Page:Lenéru - Saint-Just, 1922.pdf/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
SAINT-JUST

d’Athènes dans ses beaux jours ; nous vous offrîmes pour bonheur la haine de la tyrannie, la volupté d’une cabane et d’un champ fertile cultivé par vos mains[1].

Ce n’est pas non plus l’aveu nostalgique de Camille Desmoulins : « J’avais rêvé une république que tout le monde eût adorée ! »

Mais on ferait de la légende en ne considérant Saint-Just que sous l’aspect impraticable des rêveurs. Parce qu’il rêva plus complètement qu’un autre, c’était une raison pour que ses actes encore portassent ce caractère d’achèvement. Saint-Just fut « un homme pratique », un homme de moyens et d’expédients sur lequel ses collègues ont toujours compté.

Il ne prie pas comme Robespierre, il agit comme Danton et comme Bonaparte[2]. M. Aulard y insiste : « Il a, dit-il, un sens net de la réalité, le goût et le génie de l’administration… adroite, clairvoyante, audacieuse, l’activité de Saint-Just tourne prestement les obstacles quand elle ne les pulvérise pas[3]. » L’histoire n’a pas rendu justice à cette activité. Parce que Saint-Just fut un homme « de la haute main », elle accepta la définition

  1. 23 ventôse an II.
  2. Aulard. Les orateurs de la Convention.
  3. Aulard. Les orateurs de la Convention.