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ACTE 1, SCÈNE 4

(mouvement de Philippe qui se rapproche). Tiens ! cela t’intéresse ? Alors, écoute, il est bon que les hommes entendent quelquefois ces choses-là. (Marthe s’assied pour commencer son histoire.) Nous disons donc : cette femme de quarante-six ans est levée à cinq heures en toute saison. Viennent ensuite le massage et le bain froid. Cet estomac, ou plutôt cette carnation éblouissante encore, ne fut jamais aux prises qu’avec les viandes blanches et les eaux minérales. Car cette millionnaire ignore les grands crus et le gibier, ainsi que les huîtres, écrevisses et tous les saumons, lesquels présentent un égal péril cutané, elle les ignore, comme ne consentirait pas à le faire le dernier de ses lads. Écuyère passionnée, depuis dix ans elle ne voit plus un cheval que de niveau, la selle étant un moindre obstacle à l’embonpoint que les perpétuelles ascensions et les marches forcées. Je me résume, n’est-ce pas ? les détails ne seraient que de vulgaire ascétisme. Et cela, depuis vingt-cinq ans,