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GRECQUAGE.

Au-dessus de la première et au-dessous de la dernière ficelle, on donne un léger coup de scie pour loger la chaînette.

Il est important que l’ouvrier dirige la scie toujours parallèlement à la surface de la presse ; sans cette précaution les entailles seraient plus profondes d’un côté du dos que de l’autre, la grecque serait mal faite, et la ficelle se cacherait plus d’un côté que de l’autre.

On ne doit grecquer que très-peu, on devrait même ne pas le faire du tout ; mais l’usage de cette pratique est devenu universel. Dans tous les cas, il est presque impossible que la grecqure ne paraisse pas en dedans du volume, auquel elle ôte de sa solidité.

Ce qui contribue à perpétuer une méthode si nuisible, c’est la facilité que l’on y trouve pour coudre les livres. Effectivement, les trous pour passer l’aiguille sont tout faits, et si une ouvrière peut coudre 300 cahiers non grecqués, en les alignant et en les cousant tout du long, elle peut en coudre 1500 en cousant deux ou trois cahiers, et en sautant un nerf à chaque passe, comme le font la plupart des femmes, malgré les recommandations qu’on leur adresse à cet égard. La grecqure, ainsi manœuvrée, diminue donc la main-d’œuvre des quatre cinquièmes, elle dispense l’ouvrier d’une infinité de soins, et dissimule les défauts de l’endossure ; aussi n’est-elle pas applicable aux reliures de luxe et d’amateur, dans lesquelles on aime une endossure solide et peu susceptible de se froisser ou de faire des plis.

Dans quelques grands ateliers, on exécute le grecquage au moyen de machines, dites presses à grecquer. Nous en parlerons plus loin.