Page:Lenormand - Nouveau manuel complet du relieur en tous genres, 1900.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
402
RENSEIGNEMENTS DIVERS.

collé jusqu’au fond, et non pas, comme dans la plupart de nos cartonnages, courir le risque d’être crevé lorsqu’on y appuie la moindre chose.

En copiant trop servilement les étrangers on s’égare. Delorme d’abord, puis Bozerian jeune, et Courteval l’ont bien prouvé. Simier et Thouvenin eux-mêmes, sont tombés trop souvent dans le gothique, dit Lesné, pour avoir trop cherché à calquer les doreurs anglais. La seule chose bonne à copier dans leurs reliures, c’était la bonne façon des mors, la justesse des filets, et celle des encadrements.

Les Anglais couvrent leurs livres classiques d’une toile enduite de colle forte, ou plutôt d’une espèce de cirage. Cette reliure, assez laide d’ailleurs, est solide, économique ; elle convient bien aux livres de classe qu’elle soutient suffisamment, car elle est souple et peut facilement supporter tous les efforts des enfants. On l’a adoptée dans quelques collèges, en coupant les angles des cartons. De cette manière, la reliure s’écorne moins en tombant. Il vaudrait peut-être mieux que les coins fussent arrondis en quart de cercle ; mais cette reliure n’est bonne qu’autant que le livre est cousu solidement. Ce perfectionnement, conseillé par Lesné, est trop onéreux, dit-il, pour tous les livres classiques, et convient particulièrement aux dictionnaires.

Les Anglais rétrécissent généralement les titres, qu’allongent outre mesure les Allemands.

L’époque de l’introduction des dos brisés en France est très-incertaine. Mais il y a fort à croire qu’elle s’est établie il y a cent ans. Les reliures de Hollande en auront probablement donné l’idée. Les bons ouvriers du temps, tels que De Rome, ne firent ces reliures qu’avec répugnance, parce qu’ils voyaient com-