Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/128

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Madame de Mellertz était trop perspicace pour ne point deviner que l’on soupçonnait son désappointement. Sermonnée, du reste, par le médecin Azémar, elle comprenait qu’il lui fallait montrer contre fortune bon cœur et simuler au moins une grande joie de l’événement attendu. Elle rusa donc. Il serait téméraire encore d’insinuer que cette femme fût une criminelle ; mais si, véritablement, ainsi que l’ont cru et proclamé les Leverd, elle manigançait dès lors l’assassinat de l’enfant dont la venue prochaine troublait sa quiétude et menaçait son avarice, on doit reconnaître que jamais préméditation ne fut plus studieuse, plus sournoise, plus habile et plus artificieuse. D’abord, en témoignage de sa bienfaisance acquise d’avance à l’héritier espéré, elle déclara qu’elle se chargeait du choix de la nourrice. Madame de Normont, très touchée de cette sollicitude subite, se flattait déjà d’avoir enfin désarmé sa tante, quand celle-ci annonça qu’elle venait d’engager, pour allaiter l’enfant, une jeune femme digne