Aller au contenu

Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par Véronique. À peine madame de Normont y a-t-elle trempé les lèvres, qu’elle repousse la tasse. Le bouillon a un goût amer et elle a senti, sous ses dents, « quelque chose de croquant ». Ses visiteuses insistent pour qu’elle ne se laisse pas dépérir : ce bouillon a bon aspect et bonne odeur ; sans doute un peu de cendre y sera tombé, Babet se laisse convaincre et reprend le bol des mains de Sophie. À la seconde cuillerée, son cœur se soulève ; elle pâlit, se plaint de très vives douleurs d’estomac ; de blême elle devient écarlate ; « le feu lui monte à la tête » et la voilà renversée en une convulsion terrifiante. Sophie et les deux dames parviennent avec peine à la maintenir sur sa couche. Parmi ses contorsions, ses gémissements, ses hoquets, elle réclama à boire ; une soif ardente lui brûle la bouche ; on lui apporte de l’eau tiède qu’elle boit à longs traits et qu’elle rend aussitôt, mêlée à du sang. Sophie court chercher le docteur Asselin qui ne peut venir qu’à onze heures du soir. Babet, plus calme, se laisse