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Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/165

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il est indispensable de reproduire, malgré la longueur de la citation, les principaux passages, car elle est le premier rayon de lumière projeté dans l’ombre opaque de ce drame ténébreux ; Babet s’y débonde, sans restrictions, de tous les dégoûts accumulés depuis dix ans de contrainte ; en traçant le récit de sa vie misérable, elle se garderait bien d’un mensonge ou d’une exagération qui ôteraient toute valeur à ses doléances, puisqu’elle s’adresse à un homme parfaitement instruit des incidents auxquels elle fait allusion ; on peut donc ajouter foi à ce lamentable exposé, écrit manifestement à l’une de ces heures où l’âme se montre à nu et se soulage en un flux incoercible d’épanchements.


{{t|Ah ! mon ami, un poignard enfoncé dans mon sein m’aurait été moins douloureux que la lettre que je reçois de vous. Est-ce bien vous qui l’avez écrite ? Oui, je n’en peux douter… mais elle est de cette infâme Mellertz. Depuis trente ans qu’elle ne vous a pas quitté et que, en esclave soumis, vous n’avez pas d’autre volonté que la sienne, renoncez-vous aussi à l’honneur en rompant vos serments ?