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Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/232

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par maître Bonnet qui avait soutenu son pourvoi en cassation et auquel elle devait ainsi les six mois de vie — et d’angoisses — écoulés depuis sa condamnation.

La salle du Tribunal regorgeait de curieux ; toute la société de Versailles, belles dames, officiers retraités, survivants de l’émigration qui, rentrés de l’étranger, s’étaient fixés dans la ville du grand roi avec l’espoir d’y retrouver les mœurs et la quiétude d’autrefois, se portaient au Palais de justice, et les sympathies de cette assistance penchaient plutôt vers le comte de Normont et madame de Mellertz que vers Babet, la fille du peuple qui, s’étant introduite dans une ancienne et noble famille, y avait jeté le trouble et la désolation. On plaignait ces gens de l’ancien régime, obligés de défendre leur honneur contre les attaques de cette ingrate, spécimen suspect des nouvelles couches sociales, et qui, pour les esprits volontairement attardés, représentait la Révolution dans ce qu’elle avait de plus subversif et de plus néfaste.