de malheureux se traînant sans répit, harcelés, n’ayant d’autre but que d’échapper aux vainqueurs. Charles de Normont et sa fidèle compagne ne s’arrêtèrent qu’à Aix-la-Chapelle, puis, de là, gagnèrent Hambourg. De quoi vécurent-ils ? Quel charitable asile les abrita ? On l’ignore car ils ne l’ont jamais dit : sans doute, insouciant, à son habitude, de tout ce qui n’était pas ses aises et son plaisir, Normont n’eut-il point le courage de se mettre au travail ou d’entreprendre un commerce, à l’exemple de bien d’autres compagnons d’infortune ; mais il possédait, en Brabant, une terre dont il tira peut-être quelques ressources. Sans doute aussi le dévouement de madame Dervel redoubla-t-il d’ingéniosité et de sollicitude. Jusqu’où poussa-t-elle le sacrifice ? On a quelques indices de nobles proscrites qui, pour subvenir aux besoins d’êtres chers, ne reculèrent point devant l’humiliation de se gager comme servantes ; celles qui dérogèrent jusqu’à cet abaissement ne l’ont jamais avoué et l’on est
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