fille, qu’il était moins accoutumé à ce genre d’hommages. Il ne douta plus de l’effet foudroyant qu’il produisait, lorsque le père et la mère Leverd le prirent à part et lui confièrent leurs inquiétudes au sujet d’Élisabeth. Normont sut, par eux, que « la pauvre enfant ne songeait qu’à lui, ne parlait que de lui, était hantée par son image et qu’elle se voyait condamnée, par le hasard de l’avoir connu, au malheur de garder le célibat, faute de pouvoir rencontrer un homme qui lui fît oublier celui pour lequel elle s’était prise d’une passion si violente. À moins que s’éprît d’elle Bonaparte en personne, qui enjôlait en ce temps-là tous les Français et toutes les Françaises, l’infortunée allait dépérir, rongée par le désespoir, et succomber bientôt dans les bras de ses parents désolés qui ne tarderaient pas à la suivre dans la tombe ».
Ainsi parla l’épicier dont l’éloquence redondait en formules théâtrales. Charles de Normont ne prétendait pas à rivaliser de génie avec Bonaparte ; il était bon garçon,