digne tante, qui reçoit des personnes « du meilleur ton » et a su prendre, elle, les manières du beau monde. Quand on donne à dîner, Babet n’occupe pas, bien entendu, la place de la maîtresse de maison ; c’est madame de Mellertz qui préside, surveillant de l’œil sa tremblante élève et cherchant toute occasion de la mortifier par une apostrophe désobligeante : — « Qu’elle se taise ! Elle n’est rien ici ! De quel droit cette petite dévergondée élèverait-elle la voix ? » Souvent, Babet, harcelée, quitte la table et va pleurer dans sa chambre, — dans sa chambre où jamais le feu n’est allumé et où on ne lui tolère, par les plus grands froids, qu’une chaufferette. Elle a de quoi s’y occuper, d’ailleurs : son lit à faire, — défense aux domestiques d’y toucher, — le carreau à balayer et à vernir, tout le linge de sa tante à vérifier et à raccommoder au besoin…
Si quelque invité paraît s’étonner aimablement du peu de place que tient dans la maison « la jeune et toute charmante madame de Normont », la bonne madame de