épaules. Elle n’avait, assura-t-elle, l’intention de tuer personne, mais seulement d’empêcher sa tante d’abuser des pêches qu’elle aimait beaucoup et qui lui faisaient mal ; la jeune femme espérait l’en dégoûter en saupoudrant ces fruits d’un vomitif… Quelques jours plus tard on discutait à la cuisine de ce procédé singulier ; on s’en étonnait ; la cuisinière remarqua que madame la comtesse tenait certainement à son idée, car elle lui avait recommandé « de laisser sales ses casseroles afin qu’il s’y formât du vert-de-gris ; elle comptait utiliser ce remède qui produirait le même effet que l’émétique ». La servante n’ayant pas obéi à cet ordre qui lui semblait louche, Julie observa que Babet s’était procuré elle-même du vert-de-gris en laissant séjourner du vinaigre dans un encrier de cuivre : elle recueillait ce poison dont elle amassa ainsi une certaine quantité. Effrayées, les servantes décidèrent d’avertir madame de Mellertz. Celle-ci, toute tremblante, communique ses craintes à Normont, dont le premier mouvement est de
Page:Lenotre - Babet l’empoisonneuse, ou l’empoisonnée, 1927.djvu/80
Apparence