Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/145

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fut pris d’une violente colère : « Ce b… de Saint-Régent dérangeait tous ses plans. » L’attentat, dont tant de passants inoffensifs étaient les seules victimes, discréditait le parti royaliste. Fouché saisit l’occasion d’en rapporter l’idée première à Cadoudal et fit grand éclat d’un billet signé Gédéon, trouvé dans la chambre de Saint-Régent ; mais ses bureaux ne manquaient pas de calligraphes expérimentés et dociles à toutes les besognes ; d’ailleurs ces quelques lignes eussent-elles été tracées par Georges, marquaient seulement l’ardente impatience du chef breton, exaspéré du silence de son agent et de son inaction. Fouché dut reconnaître, dans un rapport officiel, que la résolution d’assassiner Bonaparte « fut prise seulement le 11 frimaire, — 2 décembre, — vingt jours avant l’attentat ; à cette date, Saint-Régent avait quitté Georges depuis quatre mois et ce n’est certainement point par correspondance qu’il lui eût soumis son affreux et stupide projet. Cadoudal ne pouvait donc pas être l’initiateur de ce crime odieux qui, improuvé autant en Angleterre qu’en France, l’obligeait à enrayer.

Pour la première fois, au début de 1801, il parut être déconcerté ; il réunit ses officiers, leur recommanda la modération, leur conseilla même de se soumettre. Pour lui, il ne renonçait pas ; mais il ne voulait pas entraîner, dans le désastre personnel dont le menaçait la folie de Saint-