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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/161

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résumait en sa personne toute la Révolution.

Aussi se rongeait-il à Jersey en attendant que l’accès de l’Angleterre lui fût permis ; il reçut enfin, dans les derniers jours de juin, l’autorisation de s’y installer ; mais il lui était recommandé « de se tenir au moins à dix milles de Londres ». C’est que les pourparlers de paix s’engageaient entre le Cabinet britannique et le Premier Consul, et celui-ci, avant tout préliminaire officiel, exigeait que l’Angleterre lui livrât Georges Cadoudal ou, du moins, le déportât au Canada ; indice frappant de l’importance conquise par ce paysan breton, devenu l’objet d’un conflit entre les deux plus puissantes nations du monde. Le ministère britannique ne pouvait, sans indignité, accéder aux impératives prétentions de Bonaparte ; mais, dans la crainte que la présence de l’impénitent rebelle sur le sol anglais ne s’ébruitât, on lui recommanda le silence. C’était, d’ailleurs, l’époque où les espions de Fouché, ignorant le départ de Georges, persistaient à le voir en Bretagne ; leur hâblerie lui constituait un alibi des plus sûrs.

Réduit à différer son grand projet, ou à n’en parler qu’à mots couverts — le « coup essentiel », disait-il, — il n’en implore pas moins la charité des princes français en faveur de ses camarades de lutte, restés au Morbihan et sans aucune solde depuis plusieurs mois. Mais le Comte d’Artois lui-même est obéré ; il ne peut rien pour les