Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

I

GÉDÉON


L’ÉCOLE SAINT-YVES


RENNES est en liesse ; l’année 1788 s’achève et les États de Bretagne viennent d’ouvrir leur session, traditionnelle occasion de bombances et de ribotes. Rien n’a changé depuis le temps où Mme de Sévigné écrivait : « C’est un jeu, ma chère, une liberté jour et nuit qui attire tout le monde, quinze ou vingt grandes tables, des bals éternels, des comédies trois fois la semaine, une grande beuverie… voilà les États. J’oublie trois ou quatre cents pipes de vin qu’on y boit… » Chaque année il semble que les membres de « l’auguste assemblée » luttent à qui soutiendra la gaillarde réputation bachique des Bretons ; en 1786, le président des États, soucieux de donner l’exemple, faillit trépasser sur la brèche des suites d’une terrible indigestion, et cette alerte n’avait pas interrompu la fête : nos seigneurs de la noblesse, venus de tous les points