Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/189

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tagne, Georges faisait usage pour se tenir en rapport constant avec tous les points du pays. Ce résultat, qu’on a justement qualifié de « merveilleux », rendait possible le voyage du Prince qui devait apparaître au moment décisif et, pour plus d’assurance, cette route allait être, durant six mois, incessamment fréquentée par les affidés au complot. Georges lui-même la parcourra cinq fois d’un bout à l’autre sans que jamais un gendarme ou un garde-champêtre s’étonne de ces randonnées d’étrangers au pays. On se demande, sans doute, si les hôtes d’occasion, chargés de loger au passage ces inconnus nomades, ne cherchèrent pas à s’informer du but de leurs vagabondages : non, ils étaient dénués de méfiance, ou, bien payés, ils préféraient ne pas s’inquiéter.

Pourtant, le vigneron de Saint-Leu, premier anneau de la chaîne, ne put s’empêcher de dire à Raoul Gaillard, qu’il connaissait seulement sous le pseudonyme de Houvel : « Mais, mon Dieu ! est-ce que vous avez fait quelque chose à Paris que vous courez ainsi la nuit ? » Raoul répondit en riant « qu’il avait des affaires en différents endroits ». — « Monsieur Houvel, risqua une autre fois le vigneron, vous voulez notre confiance et vous ne nous dites rien… Il faudrait que nous sachions si c’est pour faire du mal. » Le faux Houvel répliqua, toujours joyeux : « Pourquoi faire là-dessus des brelans ?