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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/23

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ment, mais dont les gros murs et les dispositions générales semblent avoir été respectés. C’est là que Georges était né le Ier janvier 1771. D’après une tradition transmise dans sa famille, un jour que la mère du nouveau-né, assise à la porte de sa maison, le tenait sur ses genoux, un mendiant s’approcha et, posant la main sur le front de l’enfant : « Celui-ci, dit-il, sera cause de grands malheurs pour lui et pour les siens. » Le nom de Cadoudal était lui-même un présage : il signifie en idiome celtique Guerrier aveugle.

Mme Cadoudal, née Marie-Jeanne Le Bayon, était d’une grande beauté ; elle donna le jour à dix enfants dont cinq seulement devaient vivre encore à l’époque de la Révolution : Georges, Julien, Joseph, Louise et Marie. Outre cette nombreuse progéniture, Kerléano abritait l’oncle Denis, frère du fermier ; membre du tiers-ordre de Saint-François et célibataire, il dirigeait avec compétence les travaux champêtres, et il y avait encore, régnant sur la maisonnée, du fond de son fauteuil, la grand-mère Cadoudal, « femme de tête et de résolution », qu’immobilisaient ses infirmités dues à une extraordinaire corpulence : c’est d’elle que paraissait tenir Georges dont le fort embonpoint et la constitution athlétique se développèrent de très bonne heure. Il était déjà singulièrement robuste lorsque, après quelques mois