Aller au contenu

Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voit la princesse s’avancer, plier le genou devant l’Empereur et lui baiser la main, respectueusement. Mme d’Anglade comprend qu’elle en doit faire autant… Mais elle est déjà près de la porte, il lui faudrait revenir… et puis… le meurtrier du duc d’Enghien… cette main… Non, elle ne peut pas ! Elle se précipite hors du salon et se trouve, sans savoir comment, devant l’Impératrice, qui la serre affectueusement dans ses bras et pleure avec elle.

Une voiture attend dans la cour du château ; un aide de camp y prend place aux côtés de Mme d’Anglade… Vite, vite encore : à la Conciergerie ! Les chevaux volent, voici la porte de la prison, une foule compacte y stationne ; mais la presse s’écarte devant l’heureuse jeune femme ; elle entend crier : « A-t-elle sa grâce, la petite boiteuse ? — Oui, oui ! » répond-elle. Toutes les portes s’ouvrent ; elle se jette au cou de son frère, fondant en larmes ; elle embrasse tout le monde, Réal, qui est là, le geôlier…

Huit des vingt condamnés furent ainsi graciés, les gentilshommes, les militaires, Rivière, Charles d’Hozier… Leur peine était commuée en une détention qui ne devait prendre fin qu’avec l’Empire. Les douze autres, les paysans, les obscurs, ceux qui n’intéressaient pas les Princesses, étaient dans les cachots de Bicêtre. Georges ne les avait pas quittés.