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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/39

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la dureté, de la rudesse, de la brutalité même : ses yeux « fixes et scrutateurs » sous d’épais sourcils, sa gravité froide accusent « une inébranlable ténacité et une fierté pleine de puissance ». Son regard, parfois, « s’illumine d’éclairs » et souvent décèle une douce bonhomie. Sa dignité habituelle, sa fierté, n’excluent point par moments une gaîté et des gamineries d’écolier. Fin, madré même, en affaires, énergique et violent dans l’action, il reste en cela le paysan breton, ataviquement méfiant et colérique. Georges était vraiment « l’homme de sa contrée », aussi rude, aussi robuste que « les cailloux, les chênes trapus de la lande », aussi énigmatique que les mystérieuses pierres levées des sinistres grèves de Carnac. C’est pourquoi les paysans l’adoraient ; aussi longtemps que vécurent ses contemporains, sa vie faisait l’objet de leurs continuels entretiens, tant il avait profondément frappé les imaginations.

La légende grandissait sa populaire figure. On le voyait peu souvent ; on savait que son quartier général résidait ordinairement, soit au château de Reste, en Grandchamp, soit dans quelque ruine abandonnée telle que la tour d’Elven, d’un caractère si mélancolique dans sa solitude qu’animent seuls le vol et les croassements des choucas, soit encore dans quelque maisonnette au plus profond des bois. On ne le voyait guère qu’aux jours de bataille, le plumet,