venue tant sollicitée du Prince qui devait prendre la direction du mouvement, ou quelque nouvelle provocation du Directoire qui justifiât la rupture de la pacification : cela ne manqua point et la « loi des otages » mit le feu aux poudres. Elle autorisait les administrations départementales à emprisonner, non plus seulement les coupables ou les suspects, mais leurs parents, « aïeuls, aïeules, pères, mères, frères et sœurs », fussent-ils innocents, à séquestrer leurs biens, et Fouché, nouveau titulaire du ministère de la police, recommandait à ses subordonnés « d’élargir » encore cette odieuse prescription : « Il ne s’agit pas de faire le triage des bons et des méchants dans ce pays maudit ; il n’y a, et il ne peut y avoir que des coupables… Il est à craindre que beaucoup de ceux qui seront déclarés otages ne cherchent un refuge dans les landes : qu’ils soient, au premier soupçon de fuite, frappés de mort. »
Cet appel à l’assassinat entraîne aussitôt de sanglantes représailles ; les vieux fusils sortent des caches ; la chouannerie renaît et, de tous les points du territoire naguère insurgé, les chefs des anciennes bandes s’acheminent vers Pouancé, gros bourg situé aux confins des quatre départements de la Loire-Inférieure, de l’Ille-et-Vilaine, de Maine-et-Loire, et de la Mayenne dont il fait partie. Il y a là, dans un pays d’étangs et de grands bois où les bleus n’aiment pas à se risquer, un antique manoir qui, durant les plus