Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/82

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n’avait reçu, en fait d’amnistiés, que des gentilshommes dont l’urbanité infuse commandait à leur interlocuteur la courtoisie ; mais lui, Georges le paysan farouche, ignorant l’art des circonlocutions évasives, — qu’arrivera-t-il si le despote se permet de le provoquer ? De fait, quoiqu’il se soit beaucoup façonné, il n’a rien perdu de « sa nature rude et de ses manières brusques » ; il faut, comme l’a fait Hyde de Neuville, percer cette rude écorce pour discerner qu’elle recouvre, « non seulement une franchise et une droiture sympathiques, mais une âme accessible à tous les nobles sentiments ».

Dans le courant de mars, Georges se rendit plusieurs fois au ministère de la Guerre, afin de renseigner le général Clarke, chef du bureau topographique, sur la façon dont s’effectuait le désarmement des insurgés bretons. À la fin du mois, le 29 vraisemblablement, ayant demandé une audience, il fit au premier Consul la visite si longtemps remise.

Cette entrevue dut frapper les contemporains, car beaucoup de mémorialistes la mentionnent comme un événement, au moins singulier. Par malheur, ils s’accordent mal sur ses circonstances : les deux interlocuteurs seuls auraient pu la raconter, et ils furent sobres de détails. On aimerait, par exemple, connaître quelle fut l’émotion certaine du chouan traversant cette cour des Tuileries, à très peu près semblable encore à ce