sence de ce glorieux rival de vingt-sept ans auquel obéissaient des armées et dont la renommée rayonnait loin au delà des frontières ? Des remords ? — Non, certes ! — Des regrets ? — Peut-être. — De l’envie, sans nul doute pour cet heureux soldat qui avait combattu les ennemis d’Outre-Rhin et posé de nouveaux lauriers au front de la France. De telles rencontres imposent aux consciences droites des examens redoutables. Qui sait si, ce jour-là, ne naquit pas la répugnance de Boishardy pour l’ingérence anglaise dans l’insurrection royaliste ? Dès lors, assurément, ses amis s’étonneront de « son indécision », voire de « sa nonchalance[1] » ; il venait de comprendre, et il allait en mourir, qu’aucun devoir, fût-ce le plus noble et le plus impérieux, ne permet d’aider l’étranger à meurtrir la Patrie.
À Moncontour étaient autour de lui groupés plusieurs chefs royalistes : Chantreau, Solilhac, d’Andigné, Tinténiac qui se préparait à retourner en Angleterre[2], Cormatin et ses « officiers d’ordonnance » : Jarry, Gazet, Boisgontier, La Nourais, Dufour, ce commandant du Clos-Poulet qui avait « passé » Puisaye à Jersey. Hoche tint avec eux une « très longue conférence[3] ». Il les questionna en camarade sur leurs intentions, la force de leur parti, leur situation personnelle et emporta l’impression que le nombre des chouans de toute la Bretagne mon-
- ↑ Mémoires du général d’Andigné, I, 221.
- ↑ Il devait partir le 24 avril sur le bateau d’Armand de Chateaubriand. Contades, Émigrés et Chouans, p. 89.
- ↑ Le 19 mars. Dans une lettre datée du 30 ventôse, il écrit : — « Hier, une très longue conférence avec les principaux chefs. » Archives de la guerre, Armée des Côtes de Brest et de Cherbourg, à la date.