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LA MIRLITANTOUILLE

lui qui tenterait de vous en faire descendre : celui-là ne périrait que de ma main[1]. »

Hoche ne rencontra pas Boishardy ; Boishardy se faisait invisible. Traqué par les soldats de Crublier il menait de nouveau la vie du proscrit, bien plus incertaine encore que naguère : il errait, désemparé, par la campagne, changeant de gîte toutes les nuits. Un fidèle réussit à parvenir jusqu’à lui et le découvrit, non sans peine, tapi dans un champ, parmi les moissons hautes. Il pouvait encore cependant grouper douze ou quinze cents hommes et disposait d’une compagnie de déserteurs à sa solde ; mais à ceux-ci il réservait la surveillance de La Ville-Louët qu’habitaient Joséphine de Kercadio et sa mère. Il connaissait trop ses paysans pour ignorer leur lassitude : la paix fallacieuse, les désillusions avaient tué les enthousiasmes. Lui-même, certainement, était hanté par un pressentiment d’aventures prochaines et tragiques, car, dans sa détresse, il sentait l’urgence d’assurer l’avenir de la jeune fille qu’il aimait, et, malgré les misérables conditions de son existence présente, il résolut d’épouser sans retard, mademoiselle de Kercadio.

Non loin d’un chemin de traverse qui, de Bréhand, conduit à Moncontour, il y a, perdue dans les vergers, une petite chapelle qu’on appelait alors et qu’on appelle encore, bien qu’elle ait été reconstruite depuis la révolution, la chapelle de Saint-Malo. Un étroit cimetière l’entourait et c’était, avant la Terreur, un lieu de pèlerinage, de « par-

  1. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Études, p. 171. Ces écrivains assurent tenir cet épisode d’une source parfaitement sûre. »