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BOISHARDY

retraite de Boishardy et d’y conduire les Bleus[1] ; on donne même le prénom de ce traître : il s’appelait Charles[2]. Cette tradition n’est pas en désaccord avec les documents authentiques. À la date du 16 juin, le chef de bataillon Coulombeau écrit, en effet, au général de division Rey : — « Il nous est impossible de t’envoyer l’homme qui nous sert… vu que nous ne le voyons point et qu’il ne nous donne de renseignements que par correspondance. De plus, il est très soupçonné et même à la veille d’être fusillé par les chouans. » Coulombeau ajoutait que, la nuit prochaine, « les troupes, divisées en deux colonnes, l’une commandée par lui, l’autre par le général Crublier, marcheraient sur le Vaugourio ; un troisième détachement, sous la conduite du capitaine Ardillos, s’avancerait par la route de Moncontour, jusqu’au Pont-de-pierre et s’engagerait dans le chemin du moulin de Rainon… » Le Vaugourio serait ainsi cerné.

Là, dans une prairie dite les Bas-Champs, entre le Vaugourio et l’étang du moulin, Boishardy attendait avec sa fiancée l’heure de se rendre à la chapelle de Saint-Malo. Un hamac avait été tendu pour la jeune fille, aux branches d’un pommier. Le domestique de Boishardy, Le Borgne, était posté en surveillance sur la chaussée de l’étang : une soixantaine de Chouans, blottis dans les haies, formaient un cordon de sentinelles autour du campement. Vers deux heures du matin, Le Borgne perçoit le bruit d’une troupe en marche avançant avec précaution ; il prévient Bois-

  1. Émile Bernard, Un chef de Chouans dans les Côtes-du-Nord, p. 410.
  2. Note de Biré dans les Mémoires de d’Andigné, I, 126.