le comte de Guernissac[1] que séduit cette échappée vers les Côtes-du-Nord ; d’ailleurs, d’autres avis font connaître l’arrivée imminente d’une flotte anglaise dans la baie de Saint-Brieuc ; il faut aller la recevoir ; Tinténiac entraînera sur son passage tous les Chouans de Boishardy ; un grand rôle lui est réservé… Il cède enfin ; sans doute, ce qui l’y décide, c’est le désir de ne pas déplaire à ses deux jolies cousines, mademoiselle de Kercadio et la vicomtesse de Pont-Bellenger[2], — on a dit de lui que « sa galanterie égalait son courage » ; — et aussi l’espoir d’être exact néanmoins au rendez-vous qui lui est assigné pour l’attaque du 6 au matin. Il y a quatorze lieues d’Elven à Coëtlogon ; l’ardeur de ses Chouans lui permettra peut-être de parcourir cette distance en un seul jour, de leur accorder vingt-quatre heures de repos, et de les ramener à la côte pour l’heure du combat.
Dès l’aube du 12 il est en route ; mais la mise en marche est pénible ; les Morbihannais de Cadoudal, si alertes dans leurs vestes de berlinge ou de bure, si infatigables lorsqu’ils allaient pieds nus, ne sont plus les mêmes depuis qu’ils ont chaussé les beaux souliers dont les a gratifiés le roi d’Angleterre et
- ↑ Au nombre des lieutenants de Tinténiac, dans l’expédition projetée, Puisaye cite, outre ces deux noms, M. de la Houssaye et le chevalier de la Marche.
- ↑ Madame du Grégo de Pont-Bellenger écrivait en 1816 : « Pont-Bellenger était le second de Tinténiac, mon parent. » (Archives administratives de la Guerre ; dossier du général Bouté.)
veille de la Révolution, voyait neuf ou dix de ses membres se grouper autour de la Monarchie menacée : de ce nombre était le vicomte d’Amphernet de Pont-Bellenger, mari de Louise du Bot du Grégo. Les armes de cette maison sont « de sable, à l’aigle éployée d’argent, becquée et membrée d’or ».