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DUVIQUET

à profit la générosité des Bleus. Dès le 27 commencent les hécatombes et, ce jour-là, sur la garenne de Vannes, contre un mur de pierre dont quelques vestiges subsistent encore, le jeune Sombreuil, le vénérable évêque de Dol, deux officiers et treize ecclésiastiques, seront alignés devant le peloton qui les attend, armes chargées. Le vieux prélat, les mains liées, veut mourir tête nue et prie l’un des militaires de le découvrir ; Sombreuil s’interpose, repousse le soldat : — « Pas toi ! Tu n’en es pas digne ! » Comme ses mains sont également entravées, il saisit entre ses dents le chapeau de l’évêque et le jette à terre d’un brusque mouvement de tête…

Ainsi, avant de finir, s’épanouissait en maints incidents du drame, la grâce chevaleresque de l’antique noblesse moribonde, comme une leçon léguée à la jeune France démocratique, fruste et brutale, mal adaptée encore à la grandeur de ses naissantes destinées.


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Après l’abandon de son commandement, le vicomte de Pont-Bellenger s’était retiré chez Le Gris-Duval, à Bosseny, l’endroit le plus propice à la retraite d’un homme soucieux de disparaître. Niché entre les contreforts du Mené, à l’écart de tout chemin fréquenté, touchant à des landes longues de huit lieues, le château de Bosseny, vaste construction ancienne, joliment ornementée à l’époque de la Renaissance, constituait un séjour d’autant mieux agencé pour un fugitif, que la vie y était plantu-